Les « troubles dys » ne sont pas un handicap pour l’entreprise

Longtemps peu considérées dans le monde du travail, les personnes atteintes de « troubles dys », ou troubles cognitifs spécifiques, voient aujourd’hui leurs profils neuroatypiques révélés sous un jour plus positif avec des études qui mettent en avant un fort potentiel dans un environnement concurrentiel et créatif. Explications.

‘Anomalie’, ‘mauvais fonctionnement’’, difficulté’, voilà ce qu’évoque le suffixe dys en grec ancien. Autant de qualificatifs que l’on accole rarement à des personnalités radicalement brillantes de notre histoire commune. Steve Jobs, Richard Branson, Henry Ford, les fondateurs d’IBM, de Général Electric et d’Ikéa auraient partagé les mêmes handicaps invisibles ! Les troubles spécifiques du langage et des apprentissages, appelés aussi « troubles dys ».

Les troubles « dys », handicaps méconnus

Reconnaître que des personnes ont un cerveau qui fonctionne différemment plutôt que présentant un problème, un trouble, voilà résumé le principe de la neurodiversité. Développé par Judy Singer, psychologue et sociologue australienne, le concept rejoint celui des profils dits neuroatypiques. Parmi eux, les personnes atteintes de « troubles dys » . Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie sont autant de difficultés à lire, orthographier, calculer, s’orienter dans l’espace, parler… Comprendre une consigne, réaliser plusieurs tâches en même temps peut ainsi demander beaucoup d’efforts. Dans notre pays, plus de 7 millions de personnes sont concernées estime la Fédération française des dys. Une réalité trop largement ignorée en entreprise.

Quels sont les obstacles rencontrés au travail ? Ils peuvent être variés selon les troubles, les situations rencontrées, les tâches à effectuer. Ainsi, une personne ayant des difficultés de lecture et d’orthographe (dyslexique et dysorthographique) peut rencontrer des difficultés à l’écrit. Faire beaucoup de fautes d’orthographe est bien souvent synonyme d’échec, d’incapacité à réaliser une mission simple comme envoyer un mail à un partenaire, un client. Par ailleurs, la difficulté à lire peut aussi alimenter des préjugés de paresse, de lenteur. À l’heure où les entreprises accordent une grande importance à l’écrit et à la lecture dans leurs tâches quotidiennes comme dans leurs procédures de recrutements, il paraît difficile pour les personnes atteintes de « troubles dys » de ne pas se heurter à un mur. Pourtant, elles possèdent tellement de talents, de qualités à offrir à l’entreprise.

« Dys » : quels atouts pour l’entreprise ?

Penser différemment, voir le monde autrement, avoir une appréhension particulière de l’espace et du temps. Les personnes atteintes de « troubles dys » réfléchissent donc de façon atypique ! Les progrès scientifiques dans les neurosciences, ainsi que les retours d’expériences dans certains pays ont mis au jour des facultés tout à fait hors du commun. Ainsi, une étude (Brazeau-Ward, L. (2005). La dyslexie et le milieu du travail. Ottawa, Canada : Centre canadien de la dyslexie) a montré que les personnes dyslexiques sont capables de traiter entre 1 500 et 4 000 images par seconde contre 150 pour la plupart des personnes. Des aptitudes visuelles renforcées par une faculté d’appréhension multidimensionnelle. Ce n’est donc pas par hasard, qu’on les retrouve souvent dans des métiers d’architecte ou d’ingénieur.

Et si la NASA, cherche à recruter des dyslexiques, c’est pour leur capacité à résoudre des problèmes et leur perception spatiale en trois dimensions. Reconnus pour leur grande capacité de travail, leur ténacité, mais aussi pour leur créativité et leur qualité de chef d’équipe, les dyslexiques bénéficient aux États-Unis de multiples aménagements leur permettant d’être mieux intégrés.

En France, si les mentalités évoluent, trop d’entreprises se privent des précieuses capacités cognitives des personnes « aux profils dys ».

Quels accompagnements et solutions mettre en place ?

Contrairement aux handicaps visibles, les «  troubles dys » sont trop peu souvent pris en compte en termes d’accessibilité au travail. Des mesures simples permettent toutefois aux salariés d’accéder aux consignes (orales ou écrites). Logiciels de lecture ou d’écriture spécifiques, correcteur orthographique, écran plus grand, management adapté… Toute la difficulté pour l’entreprise est de calibrer ses aménagements dans la mesure où les « troubles dys » sont différents, peuvent se combiner entre eux, dans des formes diverses. La pierre angulaire est donc un management formé aux enjeux, évitant les situations incompatibles avec les difficultés repérées. Faire parler en public un salarié atteint de troubles du langage oral (dysphasie), ou encore demander à prendre des notes à un collègue souffrant de dyslexie (trouble du langage écrit) est à proscrire. Préférez les consignes claires, des dispositifs d’aide et d’accompagnement si nécessaires, des aménagements dans l’environnement de travail favorisant la concentration…

Ainsi, l’arrivée dans une équipe d’une personne atteinte de « troubles dys » doit être préparée. Pour cela, des acteurs comme la FFDys (Fédération française des dys), l’AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des handicapés) aident les entreprises à être plus inclusives. À l’heure où les grandes écoles et universités françaises prennent désormais à bras le corps la question des  profils dys », il est temps de relire Antoine de Saint-Exupéry pour qui « celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit. »

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Article écrit par le Cédric Comtet à retrouver en entier sur : www.maddyness.com

Comment savoir si vous êtes un profil « multipotentiel » ?

Dans cet article, en tant que psychologue spécialisée dans l’accompagnement des personnes à haut potentiel intellectuel, je vous invite à explorer le concept fascinant de multipotentialité et vous en donne quelques clés de compréhension.

« Multipotentialité » : un profil complexe, une richesse à découvrir.À travers mes années d’expérience en tant que psychologue spécialisée, j’ai recueilli de nombreux témoignages qui dessinent les contours d’un profil unique et souvent incompris : le multipotentiel. Voici quelques histoires, partagées ici de manière anonyme, qui mettent en lumière la complexité de ces parcours :

  • Pierre, un esprit brillant dans de nombreux domaines, dévalorisait ses propres réussites. En quête constante d’humilité et d’authenticité, il peinait à accepter son fonctionnement lié à un haut potentiel intellectuel (HPI). Il ne restait jamais plus de quelques années dans un travail et son entourage ne comprenait pas ce besoin constant de challenge, de reconversion et de nouveauté.
  • Nathalie, portée par un éventail de passions, avait fini par croire qu’elle devait se restreindre à une seule. Cette idée reçue lui a causé bien des tourments. Frustrée dans son travail et dans ce cadre qu’elle s’imposait à elle-même, un jour elle a déployé ses ailes et décidé d’avoir le droit d’avoir plusieurs passions, plusieurs compétences et pourquoi pas, plusieurs carrières professionnelles.
  • Stéphane a dû faire face à des critiques pour ses changements de carrière. Il a fini par céder aux attentes des autres, se retrouvant piégé dans un métier qui ne lui convenait pas. La perte de sens dans son travail était le fil qui l’a conduit en thérapie. Il s’est finalement rendu compte qu’il avait besoin d’explorer sans cesse de nouvelles choses et de vivre différentes aventures de vie pour se sentir épanoui.

 

Ces témoignages vous parlent ? Vous pourriez bien être un multipotentiel sans le savoir. Le multipotentiel se distingue par sa rapidité d’apprentissage, sa créativité, son adaptabilité et sa polyvalence. Souvent, ce profil est lié à un haut potentiel intellectuel qui n’a pas été identifié. Dans notre société, la polyvalence et la non-spécialisation sont souvent dévalorisées. C’est pourtant une richesse inestimable ! L’excellence dans plusieurs domaines est un défi bien plus complexe que la spécialisation.

Avec cet article, j’espère contribuer à élargir les perspectives sur ces individus créatifs et pluridisciplinaires que vous rencontrez, et inciter à une approche bienveillante et ouverte d’esprit. En tant que psychologue spécialisée, je côtoie régulièrement des personnes qui s’interrogent sur leur possible « multipotentialité » sans en connaître le terme. Leur parcours de vie illustre pourtant cette notion à merveille. Il est regrettable que certains traversent leur vie sans disposer d’un terme positif pour définir leur fonctionnement singulier, souvent jugé à l’aune de normes sociétales rigides. Alors, qu’est-ce que la multipotentialité, et comment savoir si vous vous y reconnaissez ?

Multipotentiel Test: Comment savoir si vous êtes un profil « multipotentiel » ?

Pour vous aider à éclaircir cela, posez-vous ces questions :

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Article écrit par le Comité psychologue.net à retrouver en entier sur : www.psychologue.net

Ces adultes qui pensent trop

Certaines personnes souffrent d’avoir le cerveau qui surchauffe nuit et jour. Elles ont aussi une hypersensibilité exacerbée. Comprendre leur fonctionnement les aide à mieux canaliser leur mental et à vivre avec cette sensibilité.

Christel Petitcollin est conseillère et formatrice en communication et développement personnel, conférencière et écrivain.

« Je pense trop », « mes proches disent que je suis compliqué et que je me pose trop de questions », « dans ma tête, ça ne s’arrête jamais. Parfois je voudrais débrancher mon esprit et ne plus penser à rien », « j’ai l’impression de venir d’une autre planète », « je n’arrive pas à trouver ma place », « je me sens incompris »… Avec leur pensée en arborescence, ces hyper-penseurs hyper-sensibles sont également appelés les surefficients mentaux. Ils vivent avec un fourmillement constant de pensées, qui les balade dans des associations d’idées sans fin, chaque nouvelle idée en faisant jaillir de nouvelles. Ça va trop vite dans leur tête. Là où la pensée séquentielle enchaîne une idée après l’autre de façon linéaire, cette pensée explore simultanément et parallèlement de nombreuses pistes de réflexion. Cela se fait naturellement et inconsciemment. Le travail est extrêmement rapide, au point que la solution semble s’imposer d’elle-même. Les surefficients savent et sont, la plupart du temps, incapables d’expliquer pourquoi.

Ils sont souvent considérés comme hyperactifs et incapables de se concentrer, parce que leur cerveau pluritâche s’ennuie à ne faire qu’une seule chose à la fois. On croit qu’ils papillonnent et qu’ils n’ont pu que survoler les données, vu leur rapidité, alors qu’ils ont la capacité d’approfondir très vite et simultanément plusieurs sujets. Pourtant ces personnes ne se reconnaissent pas comme intelligentes.

Hypersensibilité

La sensibilité, l’émotivité et l’affectivité sont proportionnelles à l’intelligence. Ces surefficients intellectuels sont écartelés entre un idéalisme absolu et une lucidité extrême. Ils vivent les événements de leur vie avec une intensité hors norme. Ce qui les touche, en positif comme en négatif, semble les faire résonner comme du cristal. Mêmes des incidents mineurs peuvent prendre des proportions inédites, surtout s’ils touchent à leur système de valeur. Perceptions, émotions, sensibilité : tout est décuplé. En fait, c’est tout le système sensoriel et émotionnel qui est hypersensible. Cette finesse de perception est neurologique et commence par la perception de la réalité. La première caractéristique du cerveau des surefficients est d’avoir les cinq sens dotés d’une acuité exceptionnelle : c’est l’hyperesthésie. Cela entraîne un état d’éveil, de vigilance, voire d’alerte permanente. Bien souvent gênés par le bruit, la lumière ou les odeurs, ils ne réalisent pas que leurs perception sensorielles sont hors norme. Grâce à la finesse de leurs sens, dans chaque situation, ils captent beaucoup des éléments généralement inconscients pour les autres. Ils ont vite les larmes aux yeux dans les situations émouvantes, se crispent dans les climats de stress et se révoltent à la moindre injustice. Ils sont sensibles au ton employé, aux mots prononcés, aux expressions du visage, à la gestuelle de leur entourage. Ils pressentent instinctivement les intentions cachées de leurs interlocuteurs. C’est souvent très frustrant pour eux de percevoir une foule d’informations et de se heurter au déni des proches qui ne les ont pas perçues. « Mais non, tu te fais des idées ! », « tu exagères ! » entendent-ils souvent…

S’accepter

La surefficience mentale n’est pas toujours facile à vivre, mais on peut vivre heureux en étant surdoué. Après des années d’errance à se demander où est le problème, avec ce lancinant sentiment de décalage incompréhensible, une scolarité parfois saccagée, une vie professionnelle en-dessous de ses réelles capacités, bridée par un sentiment d’imposture et le sentiment de venir d’une autre planète… la découverte de sa surefficience apporte un grand soulagement. Pourtant, le mécanisme du doute systématique se remet en route et les fait douter de cette révélation. Impossible pour eux de penser qu’ils sont intelligents… Puis arrive la colère d’être différent, colère devant le gâchis, le temps perdu et devant tant de souffrances inutiles à chercher à comprendre leurs problèmes. Ils peuvent ensuite entrer dans l’acceptation de leur différence et apprendre à vivre avec cette intelligence particulière et cette sensibilité si vive. Mieux ils vont se comprendre et s’accepter, plus leur estime d’eux-mêmes va remonter. C’est le début d’une nouvelle vie.

5 CLÉS POUR MIEUX VIVRE

Si vous prenez soin des besoins de votre cerveau, vous allez en optimiser le fonctionnement. Être surefficient ne sera plus une calamité mais une bénédiction.

1 Vivre le moment présent

Il faut apprendre à se recentrer sur l’instant présent et savoir reporter le moment de penser à autre chose. Vous qui savez si bien voir la beauté, entendre les mélodies, sentir les parfums et la douceur de l’air, savourez cette vie autour de vous que vos cinq sens vous apportent avec tant d’acuité. Posez-vous et respirez à fond. Vous êtes vivant, ici et maintenant !

2 Nourrir son cerveau d’apprentissage

Votre cerveau adore apprendre. Sans apprentissage il déprime et rumine. Faites-vous plaisir : qu’est-ce que vous auriez aimé apprendre ?

3 Faire du sport

Le sport va vous aider pour canaliser cette incroyable énergie que vous avez. C’est par le sport et la relaxation que vous pouvez le mieux améliorer la qualité de votre sommeil. Alors défoulez-vous !

4 Exploiter sa créativité

Un cerveau surefficient est fait pour créer. Qu’il s’agisse de création manuelle, intellectuelle ou artistique, votre cerveau doit pouvoir imaginer, inventer, concevoir, fabriquer, produire, construire… Idéalement, cette créativité devrait même être la première raison d’être de votre activité professionnelle. Pour retrouver votre créativité, il faut avant tout faire taire votre démoralisateur intérieur et développer la capacité d’explorer tranquillement vos rêves jusqu’à ce qu’ils puissent se transformer en projets.

5 Bien s’entourer

Vous avez besoin que l’amour et la tendresse circulent en abondance dans votre vie. Vous aimez vivre dans le respect et la collaboration avec des gens de bonne volonté ayant les mêmes valeurs que vous. Alors, devenez sélectifs dans le choix de vos intimes.

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Article écrit par Christel Petitcollin à retrouver en entier sur : l1visible.com

Que veut vraiment dire HPI

(haut potentiel intellectuel) et quels sont les signes qui ne trompent pas ?

Haut potentiel intellectuel : trois mots pour qualifier des individus aux capacités logiques et intellectuelles hors norme. Vous vous reconnaissez, ou vous reconnaissez un proche ? Pas si simple. On démêle le vrai du faux.

Dans l’imaginaire collectif, une personne HPI est perçue comme étant supérieure intellectuellement. On l’appelle aussi « zèbre », terme qui souligne la nature exceptionnelle du surdoué. Pour le vérifier, un test de QI (quotient intellectuel) permet de révéler des aptitudes intellectuelles bien au-dessus de la moyenne. Cet indicateur du rapport de l’âge mental à l’âge réel est fréquemment utilisé pour identifier les HPI. On se rappelle tous d’une Marie ou d’un William, à l’école, auxquels leurs parents – convaincus que leur enfant est précoce et surdoué – ont fait passer le test. Avec parfois des déceptions parentales à la clé.

Car, si on parle régulièrement des enfants à haut potentiel intellectuel, beaucoup d’adultes découvrent sur le tard qu’ils le sont ! Pourtant un HPI, enfant ou adulte, a besoin de mettre un mot sur sa manière singulière de regarder le monde. À la fin du test psychométrique du WAIS 4 réalisé chez un psychologue, le terme « surdoué » est posé lorsque la personne obtient un résultat au-delà de 130, rejoignant le club très sélect des 2,28 % de la population. Une nouvelle version du Wechsler Adult Intelligence Scale devrait d’ailleurs voir le jour en 2025. Il permettra de mesurer de façon plus précise la douance intellectuelle, terme officiel de l’expression « surdoué ».

Toutefois, la fatigue, le stress, la prise de certains médicaments peuvent être une entrave au bon déroulement de l’examen WAIS 4. Il arrive donc, dans de rares cas, que certains HPI obtiennent un score inférieur mais proche des 130 points. Dans ce cas, généralement le psychologue fait passer un bilan de personnalité. Un « zèbre » peut aussi être doté d’une « douance locale », lorsqu’il a un QI inférieur au seuil de douance, mais que l’une des 5 composantes (la vitesse de réflexion, la mémoire à court terme, la capacité à penser en images, le raisonnement logique, ainsi que la facilité dans l’apprentissage d’une langue) est nettement plus élevée que la moyenne.

Fonctionnement et comportement des HPI

Concrètement, comment le haut potentiel intellectuel est-il vécu par ceux qui en ont hérité ? Une des caractéristiques, significative dans la vie d’une personne HPI, est le sentiment d’être différent des autres, qui nourrit une impression de décalage et entraîne parfois des difficultés à trouver sa place. C’est pourquoi le diagnostic, qui permet de prendre conscience de sa particularité et de mieux comprendre son fonctionnement et celui des autres, peut avoir un impact positif majeur pour la vie d’un HPI. C’est aussi apprendre à assumer sa différence et faire un pas vers son épanouissement personnel.

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Article écrit par Amélia Porret à retrouver en entier sur : www.neonmag.fr

La série Aspergirl résonne avec ma propre vie de femme autiste

« J’attendais beaucoup de cette série »

À travers ce témoignage, Numerama donne la parole à Mélanie Fazi. Comme l’héroïne de la série Aspergirl (avec Nicole Ferroni sur OCS), elle a reçu un diagnostic tardif de son autisme, une expérience qu’elle détaille dans son livre L’année suspendue. Elle nous raconte son ressenti en regardant Aspergirl. Entre bonne représentation et quelques clichés persistants, elle se dit en tout cas « reconnaissante » envers cette série.

Si les femmes autistes, longtemps oubliées à l’écran, se sont vu depuis peu consacrer des séries comme Astrid et Raphaëlle (France 2) ou Extraordinary Attorney Woo (Netflix), le cas de figure des femmes diagnostiquées adultes n’y avait, me semble-t-il, pas encore été abordé.

En raison de la méconnaissance générale autour de l’autisme, de profils souvent plus discrets et d’une tendance à recourir au « camouflage social » pour nous faire accepter des autres, nous sommes nombreuses à être passées sous le radar jusqu’à l’âge adulte, au prix d’un parcours de vie souvent chaotique et douloureux. Certaines découvrent être autistes au hasard d’un article lu sur Internet, d’autres après le diagnostic de leurs enfants, comme c’est le cas de Louison et de son fils Guilhem dans la série Aspergirl.

« Diagnostiquée moi-même à 43 ans, j’attendais beaucoup de cette série, la première à représenter un parcours proche du mien. »

Mélanie Fazi

Diagnostiquée moi-même à 43 ans, j’attendais beaucoup de cette série, la première à représenter un parcours proche du mien. Même si, comme beaucoup, j’avais tiqué sur la maladresse du titre choisi : non seulement l’expression « syndrome d’Asperger » est obsolète, mais la communauté autiste ne souhaite plus être associée à Hans Asperger, personnage trouble connu pour ses liens avec le nazisme. Un faux pas regrettable dans le cadre d’une série dont l’équipe créative — les scénaristes Judith Godinot et Hadrien Cousin et la réalisatrice Lola Roqueplo — ont manifestement pris la peine de se renseigner, prenant notamment conseil auprès de personnes concernées. Julie Dachez, l’une des principales figures médiatiques françaises de l’autisme au féminin, a également servi de consultante sur le scénario.

Le premier épisode, malgré quelques maladresses, m’a plutôt emballée. Là où des personnages comme Astrid Nielsen ou Woo Young-Woo, diagnostiqués dans l’enfance, rencontrent des difficultés très différentes des miennes, l’expérience de Louison se rapproche beaucoup plus de ce que je connais.

J’ai été immédiatement séduite par l’interprétation de Nicole Ferroni, qui rend de manière convaincante la gestuelle de Louison, son désarroi face à un monde difficile à décrypter, l’hésitation qui la paralyse dans les situations imprévues, sa manière de digresser pour suivre le fil de ses pensées, jusqu’à sa façon de jouer nerveusement avec ses doigts qui me rappelle la mienne.

3 scènes d’Aspergirl qui ont résonné avec ma propre vie

Trois scènes ont résonné très fort avec ma propre vie dans cet épisode :

  • Ce coup de fil pour lequel Louison, peu à l’aise avec l’exercice, prépare à l’avance les phrases qu’elle va prononcer ;
  • la façon dont elle s’immerge dans sa bulle de musique grâce à son casque à réduction de bruit et s’abandonne tout entière à l’euphorie, comme si le regard des autres n’existait plus ;
  • et surtout la scène où la psychologue lui annonce soupçonner chez elle des traits autistiques.

« Un moment d’une grande finesse qui a remué des souvenirs et m’a fait venir les larmes aux yeux. »

Mélanie Fazi

Une série d’expressions très justes passe sur son visage, une forme de stupéfaction mais aussi de la joie, du soulagement, une impression d’évidence alors qu’elle pense sans doute à toutes ces questions sans réponses qui viennent soudain d’en trouver une. Le choc viendra plus tard mais pour l’heure tout s’éclaire, dans sa tête comme sur son visage. Un moment d’une grande finesse qui a remué des souvenirs et m’a fait venir les larmes aux yeux.

J’ai simplement regretté que la démarche de diagnostic paraisse si facile à l’écran quand il s’agit en réalité d’un vrai parcours du combattant.

Un quotidien atypique

Le jeune Carel Brown, qui interprète Guilhem,…

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Article écrit par Mélanie Fazi à retrouver en entier sur : www.numerama.com