TDAH : demain, tous hyperactifs ?

Qu’est-ce que le TDAH ? Quels sont les caractéristiques et les critères diagnostiques de ce trouble ? Quelles sont les régions cérébrales impliquées ? Existe-t-il des traitements médicamenteux ? Ce trouble est-il associé à nos nouveaux modes de vie ? En clair, demain serons-nous tous hyperactifs ?

Le TDAH, ou trouble déficitaire de l’attention, est un syndrome souvent difficile à diagnostiquer et traiter.

Le trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, surnommé TDAH, est un trouble neurodéveloppemental qui fait l’objet d’un certain nombre de préjugés, mais qui reste encore mal connu.

Si le TDAH concerne en premier lieu les enfants, les adultes aussi sont touchés par ce trouble auquel s’attèlent les chercheurs en quête d’explications sur les causes du syndrome, mais aussi de nouveaux modes de traitement.

 

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La dyspraxie : un handicap invisible, insuffisamment diagnostiqué, qui place l’enfant, puis l’adulte, en échec !

Ecrit par Marie-Thérèse Giorgio – Publié le 3 mars 2018

La dyspraxie est un handicap invisible : en l’absence de diagnostic, par méconnaissance, les enfants ne sont pas pris en charge, pas rééduqués et se retrouvent en échec à l’école puis lors de l’insertion professionnelle. Même l’apprentissage de la conduite d’un véhicule est souvent un échec, les épreuves n’étant pas adaptées…

Les praxies

On distingue deux catégories de gestes  

  • Les gestes universels :
    ils sont inscrits par l’évolution dans notre patrimoine génétique et s’acquièrent par le libre jeu des systèmes sensorimoteurs et neurologiques ( courir, sauter, etc)
  • Les gestes volontaires :
    ils sont permis par notre équipement sensorimoteur et neurologique, indispensables dans un contexte social ou culturel donné, ils sont issus d’un apprentissage et d’un entraînement.

Un geste intentionnel s’inscrit dans un projet, il y a donc une planification : c’est la fonction de gestion et  de pré programmation du geste intentionnel que l’on appelle praxie.

Une fois apprise, une praxie ne s’oublie pas, la qualité du geste dépend de l’entraînement. L’initiation du geste ne dépend que de l’évocation de la finalité de l’acte : cette évocation consciente déclenche les programmes automatiques de contrôle, de coordination, les programmes cognitif et sensorimoteur adaptés.

Une praxie, c’est donc le fait d’acquérir une gestion automatisée d’un type de geste après en avoir fait l’apprentissage : par exemple apprendre à manger avec une cuillère chez un enfant, apprendre à conduire chez un adulte.

Développement des praxies chez l’enfant

L’évolution se fait par étapes : de la plus simple à la plus complexe. Chaque nouvelle acquisition s’ajoute aux précédentes. Le rythme d’évolution propre est influencé par des facteurs individuels, l’environnement familial et culturel ( manger avec des baguettes, ou avec un couteau et une fourchette, etc).

Les praxies évoluent avec l’âge, les difficultés n’apparaissent qu’à l’âge où la praxie est censée être maîtrisée.

Entre 6 et 11 ans, le nombre de gestes exécutés augmente en étroite relation avec le développement des autres fonctions cognitives et les stimulations du milieu extérieur.
A 11 ans, les praxies sont matures dans la vie quotidienne et scolaire

Apprentissage des praxies
Il existe différentes stratégies d’apprentissage : imitation, essais, erreurs, répétition, entraînement,  ce qui conduit à la constitution de répertoires de gestes : fichiers de programmes moteurs.

Le regard et la construction spatiale : le regard permet la reconnaissance des formes, la prise d’informations pertinentes. La structuration de l’espace est nécessaire pour donner des indices topologiques.

Stratégie du regard et lecture : les mouvements oculaires sont constitués de bonds successifs ( saccades) suivis de pauses ( fixations fovéales) qui concernent des groupes de lettres. La taille des saccades dépend du texte et du lecteur. 4 à 5 années d’apprentissage sont nécessaires de la grande section de maternelle au CE2 ou CM1.

Différents types de praxie

On distingue plusieurs types de praxie.

  • Les praxies idéatoires  : utiliser et manipuler des objets, par exemple des couverts
    Les praxies idéomotrices ( entre 3 et 7 ans) : réalisation de gestes symboliques ou de mime ( marionnettes, etc)
  • Les praxies constructives ( début entre 7 et 11 ans) : jeux de constructions, travaux manuels, dessins, écriture
  • Les praxies de l’habillage ( entre 3 et 7 ans) : capacité à s’habiller
    Les praxies orofaciales : touchent les capacités motrices mises en jeu dans la parole.

Définition de la dyspraxie

Le mot dyspraxie comporte le préfixe “dys” : difficile à faire, fonctionne mal et “praxie “: coordination des gestes appris.

La dyspraxie est un trouble du « savoir faire » d’un geste volontaire appris et en lien avec un environnement culturel.

La Dyspraxie ou trouble du geste ou trouble de l’acquisition de la coordination (TAC) est un trouble neurologique présent dès la naissance. C’est un trouble cognitif spécifique qui affecte la planification et l’automatisation des gestes intentionnels. Elle est due à un dysfonctionnement cérébral localisé qui peut être d’origine lésionnelle (prématurité, souffrance à la naissance) ou d’origine développementale (comme la Dyslexie).

Il en résulte une maladresse pathologique qui contribue à mettre la personne en situation de handicap.

Il existe de nombreuses formes de dyspraxie car elle touche les différents gestes à des degrés divers :

  • La dyspraxie constructive : difficulté à assembler (puzzle, lego, etc).
  • La dyspraxie visuo spatiale : trouble du regard associé à une difficulté dans le repérage spatial.
  • La dyspraxie idéatoire : difficulté à utiliser les outils.
  • La dyspraxie idéo motrice : difficulté à mimer.
  • La dyspraxie oro faciale : difficulté à articuler, souffler des bougies….

La Dysgraphie (trouble de l’écriture) est toujours présente dans la Dyspraxie et peut mettre l’enfant en grande difficulté scolaire : lettres malformées, écriture peu lisible associée à une lenteur et une grande fatigabilité.

La Dyspraxie peut-être associée à d’autres troubles Dys (dyslexie, dyscalculie, dysorthographie) et s’accompagner d’un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Définition fonctionnelle de la dyspraxie

Anomalie touchant la planification et la programmation des gestes volontaires.  C’est un trouble de la réalisation du geste, impossibilité d’automatiser, d’intégrer au niveau cérébral les différents composants ( sensorimoteurs, spatiaux et temporels).

Définition de la dyspraxie dans la CIM 10

Trouble spécifique du développement moteur dont la caractéristique essentielle est une altération du développement de la coordination motrice non imputable entièrement à un retard intellectuel ou à une affection neurologique spécifique congénitale acquise.

Définition de la dyspraxie dans le DSM IV

Classification DSM IV

Difficultés compte tenu de l’âge et des capacités intellectuelles dans la réalisation des activités de la vie quotidienne nécessitant une coordination motrice, d’où retard dans les étapes du développement psychomoteur et signes de maladresse, difficultés graphomotrices et difficultés dans les activités sportives.
Elles atteignent significativement les résultats scolaires ou les activités de la vie quotidienne.
Absence d’affections connues notamment encéphalopathie ou dystrophie musculaire

En cas de dyspraxie, l’effort d’apprentissage pour des gestes nouveaux est considérable ( besoin de nombreuses démonstrations, décomposition de la séquence du mouvement en sous unités), le geste restera disharmonieux.

Bilan à réaliser en cas de suspicion de dyspraxie

Quand faut-il suspecter une dyspraxie ?

Il faut suspecter une dyspraxie chez un enfant qui a des difficultés motrices : par exemple pour réaliser les puzzles, les jeux de construction, qui fait des dessins spontanés pauvres et malhabiles, dans lesquels les éléments sont dispersés (alors qu’il fait des commentaires adaptés et pertinents), etc
Un enfant dyspraxique est intelligent et cherche des stratégies d’adaptations :  il mange par exemple son yaourt avec du pain, car c’est trop difficile à la cuillère, il décide de ne plus manger de viande parce que c’est trop compliqué à découper, etc

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Retrouver l’article complet sur : AtouAante.com

Apprendre : la drogue des “multi-potentiels”

Écrit par Anne-Laur. Jun 23, 2016

 
 

Le rôle du sentiment de nouveauté dans le bien-être mental

Je me suis longtemps demandé ce qui n’allait pas chez moi.

que je suis un peu plus introvertie que la moyenne, et qu’en tant que personnalité “idéaliste” et intuitive, je n’ai pas vraiment de juste milieu entre l’ennui le plus profond et l’exhaltation la plus complète. Je m’emmerde dans 99% des situations où mon cerveau n’est pas sollicité sur de “vrais sujets” (c’est à dire pour moi : de l’authentique, de l’humain, du profond ou du complexe).

J’ai une très faible capacité à relativiser afin de voir les aspects positifs de ce qui se présente. Cette intolérance à l’ennui amène des crises d’angoisse qui empirent depuis que “je prends de l’âge” : comme si j’avais dépassé ma limite de tolérance à me trouver quelque part où je n’ai pas envie d’être, à vivre une expérience “déjà vue” qui me donne l’horrible impression de revivre “le jour sans fin”. Le sentiment de perdre mon temps me rend physiquement malade, comme un intolérant au gluten qui s’enfile une bonne baguette. Je suis claustrophobe de la répétition.

D’un autre côté, je me suis passionnée très intensément pour divers sujets, et diverses cultures qui m’ont chacun amené à étudier, apprendre, écrire, analyser et décortiquer de manière quasi-autistique pendant plus de 10 ans, souvent au détriment de bien d’autres aspects de la vie (vie sociale, relations, sommeil, santé, etc.). Mon premier “vrai job” sans description de poste officielle m’a mené tout droit au burn-out en moins de trois ans : j’étais au Canada, dans une startup en pleine ébullition avec des moyens et un boss qui me faisait confiance. J’ai voulu toujours faire autre chose, découvrir, proposer, aller plus loin dans les idées et les projets, changer de poste, improviser… au point de perdre le fil et de me retrouver toute seule “dans ma tête”, un peu à côté de la plaque et plus vraiment productive. C’est le revers de la médaille d’un job où le patron vous donne carte blanche dans un monde en fait régi par des principes assez rigides que je ne maîtrisais pas (celui de la tech). Au moins, ça m’a permis d’identifier par moi-même mes limites, sans passer deux décennies à blâmer une hierarchie écrasante, le manque de moyens ou de liberté d’initiative. J’ai pu aller au bout de moi-même.

Bref, j’aurais dû m’en douter, mais comme pour tout le monde, mon pire ennemi, c’est la machine infernale qui siège dans ma boîte cranienne.

Dans mon cas, il s’agit d’une formule 1 avec un pilote qui ne sait pas vraiment conduire. Il suffit qu’on arrête de rouler à fond, qu’il faille patienter quelques instants à un feu rouge ou qu’on se retrouve dans une partie compliquée du circuit pour que ça se mette à piaffer, à vrombir, bref, à me polluer l’existence. Et même à pleine vitesse, il y a des sorties de piste, des dérapages incontrôlés, bref, des ratés. On ne peut pas dire que tout ça respire le contrôle.

Ce rapport très ambivalent entre l’ennui et l’exhaltation est d’ailleurs un symptôme de bipolarité. Même s’il ne suffit pas à lui seul à poser un tel diagnostic de maladie mentale, il est caractéristique des comportement maniaques. En fait, c’est exactement la définition de “maniaco-dépressif” : la phase maniaque étant une phase de profonde agitation qui rend les réactions du sujets disproportionnées par rapport à la situation réelle, et la phase dépressive étant exactement l’inverse. Quand on est trop “investi” d’un côté, le corps et l’esprit récupèrent comme ils peuvent en se fermant totalement au monde de l’autre. On rentre alors dans une phase où on ne tolère plus le moindre dérangement et où tout semble vide, loin, flou. On est généralement irritable (autre symptôme de dépression), parce que très fatigué, dans les deux cas.

L’alternance entre les phases est épuisante, car aucune ne permet vraiment de se ressourcer. On est toujours en train de fonctionner à la limite de la rupture, dans un sens ou dans l’autre.

Apprendre : un moyen de canaliser l’esprit

Après l’auto-apitoiement, la culpabilité, la honte, bref tout ce qui permet de retourner la violence de ses émotions contre soi, il faut grandir. J’ai mis du temps. Je ne comprenais pas pourquoi tout était si hors de contrôle, pourquoi je m’isolais, pourquoi tout devenait si compliqué, si difficile.

Tant que j’étais dans le cocon scolaire et universitaire (avant le doctorat), les choses allaient mieux. Le rythme était imposé, il y avait des temps d’apprentissage, des temps de test des connaissances, mais le tout formait un ensemble très structuré et cohérent, qui permettait d’intégrer les savoirs progressivement. Lorsque tout cela a volé en éclat au moment d’entrer dans la vie professionnelle à plein temps, j’ai perdu le contrôle de la formule 1. En fait, je réalise maintenant que j’ai cessé de me nourrir quand j’ai cessé d’étudier.

Apprendre est une formidable thérapie. Bien sûr, faire du yoga, marcher dans la nature et sortir manger de bons petits plats, c’est important aussi. On ne peut pas nier que tenir un journal est une forme de thérapie. Se confier à ses proches, se détendre un peu, reconnecter avec le vrai monde, c’est positif.
Mais rentrer dans un nouveau processus d’apprentissage est toujours l’ultime remède pour les cerveaux qui ont tendance à tourner en rond facilement.

Je retrouve ce sentiment chez. Les angoisses, l’ennui et le décalage sont dûs à cette accoutumance à la nouveauté qui, brutalement, cesse d’être nourrie. On est en manque. On a besoin de sa dose de stimulation, d’ouverture, de nouveauté. Je le retrouve aussi chez les “éternels étudiants”, ceux qui ont choisi d’investir sur eux-mêmes dans des études au gré de leurs intérêts, et non pas dans le seul but de trouver un job bien payé à la sortie. Ceux-là sont d’ailleurs nombreux à être aussi des nomades, car le mode de vie sédentaire (surtout en France) incite moins à la poursuite de longues études dans des domaines diversifiés.

Les  dont on parle enfin grâce au travail d’Emilie Warnick sont des curieux, mais ce sont surtout des Formules 1. On ne le sait pas toujours. Il faut apprendre à se piloter soi-même pour éviter que toute cette puissance se retourne contre nous. Il ne s’agit pas d’intelligence ou de QI, mais d’une manière de fonctionner basée sur la curiosité, l’avidité de savoirs, le besoin de nouveauté, la nécessité du défilement des choses et du temps.

Nous sommes des machines qui consomment beaucoup. Tant qu’on ne l’a pas compris nous-mêmes, on se détruit sans le savoir en essayant de se conformer à un modèle d’existence qui va à l’encontre de notre nature profonde : l’exploration, la découverte, l’inachèvement.

Il est essentiel de prendre conscience de son propre besoin de “nourriture”, et de tout faire pour le satisfaire tout au long de la vie, en s’affranchissant autant que possible des contraintes imposées par notre société, nos croyances ou notre entourage.

Assumer l’inachèvement : la clé du bonheur pour les nomades du savoir

Rester dans une démarche d’apprentissage, c’est aussi assumer l’inachèvement de toute chose. A partir de là, on respire. Rien ne sera jamais fini, clôt, acquis pour toujours. On ne sera jamais expert de rien, et c’est tant mieux. On peut aussi kiffer étudier la psychologie pendant 5 ou 6 ans et ne jamais devenir psychologue. Ou s’éclater à apprendre la céramique pour ne jamais ouvrir son atelier.

Toutes les connaissances sont richesses. Pas besoin de les justifier par l’application de celles-ci une décennie ou deux avant de s’autoriser à passer à autre chose.

Dans la vie, on peut aussi vouloir se constituer une immense boîte à outil sans avoir envie de tous les user jusqu’à la couenne. On a le droit de choisir ses priorités et son mode de “nourriture” favori, celui qui satisfera le type de machine infernale abritée bien au chaud dans notre cerveau. Ca peut paraître évident, et pourtant nos sociétés fonctionnent encore complètement à l’encontre de cette logique : on étudie une chose pour travailler, puis, on travaille en répétant cette chose. Et c’est tout.

Les taux de reconversion professionnelles explosant les 70% depuis le début des années 2010, on voit bien que cette manière de faire devient petit à petit minoritaire.

Les éternels apprenants, les nomades du savoir sont déjà les leaders de notre monde.

Source : medium.com

Boris Cyrulnik : « Peu d’enseignants ont conscience de leur impact affectif sur les enfants »

Vous avez cosigné une tribune du Monde intitulée « Contre l’école inégalitaire, vive le collège du XXIe siècle ». Qu’est-ce qui vous a motivé à entrer dans le débat autour de la réforme du collège ?

C’est le constat que l’école a perdu sa capacité d’intégration : intégration des enfants des classes sociales défavorisées et intégration des enfants issus de l’immigration. Dans ma génération, seuls 3% des enfants faisaient des études supérieures, mais lorsque j’étudiais la médecine, il y avait plus de 10% d’enfants « pauvres  », contre moins de 2% actuellement.

Désormais, en France, faire un bon parcours scolaire suppose d’abord d’habiter dans les quartiers où sont situés les bons lycées et d’avoir accès à la culture. Car ce n’est pas la pauvreté qui provoque l’échec scolaire, c’est l’éloignement des sources de culture.

Le psy que vous êtes n’explique quand même pas cette fracture par la seule carte scolaire !

Non en effet, l’autre facteur déterminant c’est l’importance des interactions préverbales. Les bébés qui, avant de savoir parler, sont sécurisés par une niche sensorielle riche et une stabilité affective éprouveront leur entrée à l’école comme une exploration amusante. Ils représentent deux enfants sur trois et ce sont les futurs « bons élèves ». Les autres, insécurisés à cause d’un drame familial (mort, maladie, conflits parentaux…) ou parce que leurs conditions d’existence sont difficiles, vont acquérir un attachement insécure. Pour eux, la première rentrée sera souvent perçue comme un petit trauma et beaucoup continueront à vivre la scolarité comme une épreuve.

Les enseignants ont-ils un rôle à jouer dans cette « sécurisation » de l’enfant ?

Oui, mais ils ne se pensent pas dans ce rôle-là. Nous avons en France de bons enseignants, motivés, bien formés et désireux de bien faire leur métier. Mais peu ont conscience de l’impact affectif qu’ils ont sur les enfants. Certains instituteurs, professeurs de collège et de lycées, vont rassurer et réconforter les enfants par leur façon d’être, leur manière de parler, leur attention à reprendre autrement une explication mal comprise… Généralement, ils ne s’en rendent pas compte. Un encouragement, une appréciation de leur part qui seraient perçus comme des banalités par des adultes, auront chez un gamin en recherche de sécurisation, une valeur inestimable. Ce sera un événement émotionnel fort qui participera à structurer sa personnalité. D’ailleurs, lorsqu’on évoque avec des étudiants leurs motivations à suivre telle ou telle filière du Supérieur, il y a presque toujours le souvenir d’un enseignant en particulier.

Enseigner, éduquer, faire de l’assistanat social… estimez-vous qu’on demande trop aux enseignants ?

Absolument ! Les enseignants sont formés et payés pour instruire or, on leur demande de plus en plus d’éduquer. Non seulement ce n’est pas leur rôle, mais c’est aussi très compliqué, car le nombre d’enfants agressifs a beaucoup augmenté. Les problèmes anxieux de ces gamins ne naissent pas à l’École, mais c’est là qu’ils s’y expriment.

À mon époque nous faisions beaucoup de bêtises, mais nous admirions nos profs et cela ne posait aucun problème entre nous. Bien sûr, une très large majorité d’élèves continue d’avoir de l’estime pour leurs enseignants, mais ce sont les élèves les plus rebelles qui impriment l’ambiance d’une classe. En 2015, les élèves qui apprécient les enseignants sont une majorité… silencieuse.

Comment le psychiatre explique-t-il que l’école cristallise systématiquement les tensions dans la société ?

Parce que s’y joue quelque chose de fondamental, ce dont nous avons tous conscience.

L’enjeu social de l’école est devenu faramineux. Quand j’étais enfant, il y avait un concours d’entrée pour accéder au lycée. Sur 40, quatre ont été autorisés à se présenter à l’examen, trois ont été reçus, dont votre serviteur. Mais il n’y avait aucune humiliation pour les autres, tout aussi fiers que nous d’aller apprendre un métier d’artisan, d’ouvrier ou de paysan. Aujourd’hui les parents associent le fait de rater sa scolarité à celui de rater sa vie. Et désormais ce qui construit notre identité sociale, c’est le diplôme. Résultat, la « sélection » est extrêmement forte et précoce. Tout cela avec l’aval des parents qui surinvestissent le rôle de l’école ; il suffit de constater combien d’entre eux paniquent à l’idée que l’on puisse assouplir des rythmes scolaires alors que toutes les études sérieuses en ont confirmé le bien-fondé.

Justement, si vous occupiez pendant quelques heures le fauteuil de ministre de l’Éducation nationale, quelle(s) décisions(s) prendriez-vous ?

Celle de fuir ce poste à toutes jambes ! (rires). L’enjeu est si grand, l’institution si lourde à manœuvrer qu’elle me semble impossible à réformer. Nous serions toutefois bien inspirés de prendre exemple sur les pays nordiques. Comme eux, il nous faudrait nous intéresser à la sécurisation des tout petits, retarder leur entrée à l’école, ne pas attribuer de notes en primaire, raccourcir la durée des cours, confier des activités éducatives à des tiers issus du monde de la culture ou du sport, etc. Dans les pays d’Europe du Nord, on recense 1% d’illettrés ; ils sont plus 10% en France. Chez eux le nombre de suicides d’adolescents a diminué de 40% en 10 ans ; chez nous c’est un fléau.

Il ne faut jamais oublier que l’intelligence est incroyablement plastique, qu’un mauvais élève peut devenir bon en l’espace de quelques mois quand il est dans un milieu sécure. Or, plus un système est rigide – et le nôtre l’est – moins il tient compte de cette plasticité de l’intelligence.

 

Olivier Van Caermerbèke

Source : VNI – vousnousils

Colloque EIP95 mercredi 6 Avril 2016

J’aurais le plaisir d’animer un atelier, avec Magalie Durand, sur les troubles logico-mathématiques et les difficultés d’organisation… Il reste quelques places !

« L’EIP, un élève à haut potentiel de décrochage »

Il s’agit de la seconde rencontre interactive du Val d’Oise organisée par Marie Pierre Bidal, psychologue clinicienne, enseignante et formatrice.

L’association PotentialDys  organise avec le concours de l’AFEP, l’APEP, …, l’établissement St Didier, un colloque EIP95 sur le thème de l’accueil scolaire des EIP multi-dys. Cet événement de partage des savoirs et savoir-faire entre accompagnants de l’enfant (chercheurs, enseignants, soignants mais aussi parents) se déroulera cette année au sein d’un groupement d’établissements de l’enseignement privé sous contrat sur le site de Bury-Rosaire. La mise à disposition d’un amphithéâtre de 350 places et d’une dizaine de salles de classe permettra que le mercredi 6 avril soit une journée de grands partages des savoirs et savoir-faire spécifiques.  Plus de 20 ateliers seront proposés pour permettre à chacun de s’inscrire dans la thématique qui l’intéresse.  Les participants pourront bénéficier d’interventions expertes ciblées et d’échanges facilités par le petit effectif de chaque atelier (30 personnes). Tous les intervenants offrent leur contribution comme l’an dernier à l’ESPE de Cergy mais ils seront plus du double à offrir des prestations de qualité (abords originaux, spécialisés, novateurs, pragmatiques, scientifiques …).