Êtes-vous un surdoué adulte non déclaré ?

Êtes-vous un surdoué adulte non déclaré ?
PAR CLÉMENTINE BILLÉ MIS À JOUR LE
Si désormais les enfants surdoués sont bien mieux détectés, en raison d’une sensibilisation plus grande du corps professoral, beaucoup d’entre eux passent à travers les mailles des filets des psychologues. Et si vous faisiez partie des adultes surdoués non déclarés ?
 

Vous êtes peut-être une personne surdouée. Ou comme on peut aussi les appeler, une personne haut potentiel, zèbre, précoce ou philo-cognitive. Comment ça, vous auriez un tel profil encore non détecté à l’âge adulte ?

Oui, c’est bel et bien possible. Déjà, parce que pour être détecté quand on est enfant, il faut tomber sur quelqu’un qui est sensibilisé. Tout le monde n’a pas des parents en capacité de soupçonner un tel profil en vous, tout le monde n’a pas un prof capable de le repérer.

Quelles sont les caractéristiques des surdoués ?

Ensuite, parce que les idées reçues sur les surdoués restent bien ancrées. On vous dit haut potentiel et vous pensez, pour la majorité d’entre vous, à un enfant hyper doué en classe, qui s’ennuie un peu parce qu’il connecte plus vite que les autres. Seulement voilà, cette description, un peu grossière, ne correspond qu’à un seul des deux grands profils de hauts potentiels.

Comment reconnaître un surdoué alors ? En 2015, un groupe de trois chercheurs de l’université de Lyon (la psychologue Fanny Nusbaum, le biophysicien Dominic Sappey-Marinier et le pédopsychiatre Olivier Revol) a établi ces deux profils distincts, grâce à une étude par IRM fonctionnelle. 

Il y a donc le laminaire. Un laminaire sera souvent bon élève (le profil premier de la classe), aura du plaisir pour apprendre, sera exigeant, et voudra réussir brillamment. Il a un bon relationnel bien qu’il ait l’esprit de compétition et sera donc sujet à l’anxiété de la performance. Il est stable, adaptable, ouvert aux autres, empathiques, explorateurs et vivent bien leur « don », leur différence, à la différence des complexes.

Ceux-ci montrent des QI tout aussi élevés, mais avec des capacités cognitives hétérogènes. Ils vont avoir des capacités classiques dans certains domaines, et très élevées dans d’autres, ce qui crée un trouble psychique, renforcé par un décalage entre la sphère intellectuelle très mature et la sphère émotionnelle plus fragile.

Alors que les laminaires ont une démarche analytique, eux vont plutôt suivre les intuitions. Tout doit avoir un sens : le complexe aime savoir mais pas forcément travailler pour savoir, il veut comprendre pourquoi il a besoin d’apprendre, il a besoin de stimulation. Il a aussi un grand manque d’estime de soi, des doutes, des turbulences émotionnelles, une hypersensibilité et des difficultés de socialisation et de communication. Généreux, attachant mais aussi naïf, le complexe a tendance à chercher sa place dans la société.

Le QI des hauts potentiels : avec ou sans test ? 

Les symptômes des surdoués sont ainsi bien divers. Finalement, leur grand point commun reste le QI élevé. Un quotient intellectuel moyen est autour de 100, une personne à haut potentiel aura un QI supérieur à 130. Mais comment savoir qu’on a son QI, et comment savoir qu’on est un adulte à haut potentiel ?

Pour avoir quelques pistes, il est possible de se poser quelques questions, notamment sur son enfance. Avais-je une bonne mémoire et l’esprit vif ? Ai-je commencé à lire et à écrire avant les autres enfants de mon âge ? Est-ce que j’étais très sensible ? Est-ce que je posais beaucoup de questions ? Etais-je une grande lectrice ? Avais-je beaucoup de centres d’intérêt ?

Aimais-je les jeux qui invitent à la réflexion comme les labyrinthes ? Avais-je une grande imagination ? Etais-je capable de me concentrer facilement et de bien discerner les choses ? Si la réponse à ces questions est « oui », il est probable que vous soyez une adulte surdouée.

Si vous souhaitez en avoir le cœur net, il est nécessaire de faire les tests, car auto-diagnostiquer la douance est dangereux. Ça l’est pour les enfants dont les parents veulent absolument que le fruit de leur chair soit si intelligent, si spécial. Ça l’est à l’âge adulte car poser un mauvais diagnostic ne peut qu’accroitre la souffrance, surestimant ses capacités, ou mettant un mot sur son mal-être à la place d’un autre, et donc se tromper de solution pour aller mieux.

Être un adulte à haut potentiel sans le savoir, c’est se sentir en décalage sans comprendre. C’est un soulagement quand un professionnel vous délivre enfin la réponse à la question, encore fait-il que ce soit la bonne.

Sachez déjà que les tests de QI sur Internet n’ont aucune valeur scientifique. Ce qui compte, ce n’est pas seulement les résultats, mais la manière de les obtenir, ce qui nécessite d’être observé par les psychologues.

Il y a en effet plusieurs facettes de l’intelligence, et de multiples facteurs, telles que la manière de se repérer dans l’espace ou l’expression des émotions, qui ne peuvent être lus sur un bout de papier. Le bémol de ces tests ? Leur coût. Malheureusement, ils coûtent plusieurs centaines d’euros, représentant un véritable business. A vous et au professionnel qui vous accompagne de voir si c’est nécessaire. Souvent, oui.