La dyspraxie : un handicap invisible, insuffisamment diagnostiqué, qui place l’enfant, puis l’adulte, en échec !

Ecrit par Marie-Thérèse Giorgio – Publié le 3 mars 2018

La dyspraxie est un handicap invisible : en l’absence de diagnostic, par méconnaissance, les enfants ne sont pas pris en charge, pas rééduqués et se retrouvent en échec à l’école puis lors de l’insertion professionnelle. Même l’apprentissage de la conduite d’un véhicule est souvent un échec, les épreuves n’étant pas adaptées…

Les praxies

On distingue deux catégories de gestes  

  • Les gestes universels :
    ils sont inscrits par l’évolution dans notre patrimoine génétique et s’acquièrent par le libre jeu des systèmes sensorimoteurs et neurologiques ( courir, sauter, etc)
  • Les gestes volontaires :
    ils sont permis par notre équipement sensorimoteur et neurologique, indispensables dans un contexte social ou culturel donné, ils sont issus d’un apprentissage et d’un entraînement.

Un geste intentionnel s’inscrit dans un projet, il y a donc une planification : c’est la fonction de gestion et  de pré programmation du geste intentionnel que l’on appelle praxie.

Une fois apprise, une praxie ne s’oublie pas, la qualité du geste dépend de l’entraînement. L’initiation du geste ne dépend que de l’évocation de la finalité de l’acte : cette évocation consciente déclenche les programmes automatiques de contrôle, de coordination, les programmes cognitif et sensorimoteur adaptés.

Une praxie, c’est donc le fait d’acquérir une gestion automatisée d’un type de geste après en avoir fait l’apprentissage : par exemple apprendre à manger avec une cuillère chez un enfant, apprendre à conduire chez un adulte.

Développement des praxies chez l’enfant

L’évolution se fait par étapes : de la plus simple à la plus complexe. Chaque nouvelle acquisition s’ajoute aux précédentes. Le rythme d’évolution propre est influencé par des facteurs individuels, l’environnement familial et culturel ( manger avec des baguettes, ou avec un couteau et une fourchette, etc).

Les praxies évoluent avec l’âge, les difficultés n’apparaissent qu’à l’âge où la praxie est censée être maîtrisée.

Entre 6 et 11 ans, le nombre de gestes exécutés augmente en étroite relation avec le développement des autres fonctions cognitives et les stimulations du milieu extérieur.
A 11 ans, les praxies sont matures dans la vie quotidienne et scolaire

Apprentissage des praxies
Il existe différentes stratégies d’apprentissage : imitation, essais, erreurs, répétition, entraînement,  ce qui conduit à la constitution de répertoires de gestes : fichiers de programmes moteurs.

Le regard et la construction spatiale : le regard permet la reconnaissance des formes, la prise d’informations pertinentes. La structuration de l’espace est nécessaire pour donner des indices topologiques.

Stratégie du regard et lecture : les mouvements oculaires sont constitués de bonds successifs ( saccades) suivis de pauses ( fixations fovéales) qui concernent des groupes de lettres. La taille des saccades dépend du texte et du lecteur. 4 à 5 années d’apprentissage sont nécessaires de la grande section de maternelle au CE2 ou CM1.

Différents types de praxie

On distingue plusieurs types de praxie.

  • Les praxies idéatoires  : utiliser et manipuler des objets, par exemple des couverts
    Les praxies idéomotrices ( entre 3 et 7 ans) : réalisation de gestes symboliques ou de mime ( marionnettes, etc)
  • Les praxies constructives ( début entre 7 et 11 ans) : jeux de constructions, travaux manuels, dessins, écriture
  • Les praxies de l’habillage ( entre 3 et 7 ans) : capacité à s’habiller
    Les praxies orofaciales : touchent les capacités motrices mises en jeu dans la parole.

Définition de la dyspraxie

Le mot dyspraxie comporte le préfixe “dys” : difficile à faire, fonctionne mal et “praxie “: coordination des gestes appris.

La dyspraxie est un trouble du « savoir faire » d’un geste volontaire appris et en lien avec un environnement culturel.

La Dyspraxie ou trouble du geste ou trouble de l’acquisition de la coordination (TAC) est un trouble neurologique présent dès la naissance. C’est un trouble cognitif spécifique qui affecte la planification et l’automatisation des gestes intentionnels. Elle est due à un dysfonctionnement cérébral localisé qui peut être d’origine lésionnelle (prématurité, souffrance à la naissance) ou d’origine développementale (comme la Dyslexie).

Il en résulte une maladresse pathologique qui contribue à mettre la personne en situation de handicap.

Il existe de nombreuses formes de dyspraxie car elle touche les différents gestes à des degrés divers :

  • La dyspraxie constructive : difficulté à assembler (puzzle, lego, etc).
  • La dyspraxie visuo spatiale : trouble du regard associé à une difficulté dans le repérage spatial.
  • La dyspraxie idéatoire : difficulté à utiliser les outils.
  • La dyspraxie idéo motrice : difficulté à mimer.
  • La dyspraxie oro faciale : difficulté à articuler, souffler des bougies….

La Dysgraphie (trouble de l’écriture) est toujours présente dans la Dyspraxie et peut mettre l’enfant en grande difficulté scolaire : lettres malformées, écriture peu lisible associée à une lenteur et une grande fatigabilité.

La Dyspraxie peut-être associée à d’autres troubles Dys (dyslexie, dyscalculie, dysorthographie) et s’accompagner d’un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Définition fonctionnelle de la dyspraxie

Anomalie touchant la planification et la programmation des gestes volontaires.  C’est un trouble de la réalisation du geste, impossibilité d’automatiser, d’intégrer au niveau cérébral les différents composants ( sensorimoteurs, spatiaux et temporels).

Définition de la dyspraxie dans la CIM 10

Trouble spécifique du développement moteur dont la caractéristique essentielle est une altération du développement de la coordination motrice non imputable entièrement à un retard intellectuel ou à une affection neurologique spécifique congénitale acquise.

Définition de la dyspraxie dans le DSM IV

Classification DSM IV

Difficultés compte tenu de l’âge et des capacités intellectuelles dans la réalisation des activités de la vie quotidienne nécessitant une coordination motrice, d’où retard dans les étapes du développement psychomoteur et signes de maladresse, difficultés graphomotrices et difficultés dans les activités sportives.
Elles atteignent significativement les résultats scolaires ou les activités de la vie quotidienne.
Absence d’affections connues notamment encéphalopathie ou dystrophie musculaire

En cas de dyspraxie, l’effort d’apprentissage pour des gestes nouveaux est considérable ( besoin de nombreuses démonstrations, décomposition de la séquence du mouvement en sous unités), le geste restera disharmonieux.

Bilan à réaliser en cas de suspicion de dyspraxie

Quand faut-il suspecter une dyspraxie ?

Il faut suspecter une dyspraxie chez un enfant qui a des difficultés motrices : par exemple pour réaliser les puzzles, les jeux de construction, qui fait des dessins spontanés pauvres et malhabiles, dans lesquels les éléments sont dispersés (alors qu’il fait des commentaires adaptés et pertinents), etc
Un enfant dyspraxique est intelligent et cherche des stratégies d’adaptations :  il mange par exemple son yaourt avec du pain, car c’est trop difficile à la cuillère, il décide de ne plus manger de viande parce que c’est trop compliqué à découper, etc

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